"déontologie" des services de communication en lig

Plus d'informations
il y a 18 ans 2 mois #18622 par lo_ol
encore un projet de loi qui fait peur, que ce soit dans le fond ou sur la forme: :?

Communiqué 07-02-2007 : Projet de décret "créant la Commission nationale de déontologie des services de communication au public en ligne"

La Ligue vient d'être informée de la présentation imminente au gouvernement d'un projet de décret [1] ayant pour but de créer une "commission de déontologie sur les services de communication au public en ligne".

Il est étonnant que ce projet présenté par le Forum des droits sur internet n'ait pas fait l'objet d'une concertation minimum. Seuls quelques lobbies ont été consultés, et aucun média n'a relayé l'information: Le gouvernement pourrait donc lui donner un avis favorable dans la plus grande discrétion.

Cette commission de déontologie, présentée comme un organisme "globalement consultatif", remplacerait le Conseil consultatif de l'internet (CCI), judicieusement créé au moment de l'examen du projet de loi pour la confiance dans l'économie numérique (LEN), alors qu'il était question de placer l'internet français sous tutelle du CSA, et que Jean-Pierre Raffarin devait arbitrer entre Nicole Fontaine et Claudie Haigneré. En pratique, personne n'a eu connaissance de la moindre activité du CCI, censé fournir des conseils au gouvernement en matière de Société de l'Information, alors que d'importants projets de loi, comme le projet de loi DADVSI, ont suscité de vifs débats sur internet.

La commission de déontologie serait composée de représentants des industries, de représentants d'utilisateurs, et de représentants de ministères, en particulier de l'intérieur, de la justice, de la culture, et de la famille. Ses membres seraient nommés pour cinq ans par le gouvernement, son président devant être membre du conseil d'état. Cette très discrète nomination d'une telle commission dans ces conditions, pour cinq ans, à la veille des élections présidentielles, ne peut qu'interpeller les internautes.

La Ligue s'interroge sur le fonctionnement prévu de cette commission, qui devrait s'assurer du respect ou non par les acteurs de la Société de l'information de règles qu'elle établirait elle-même: En pratique, de nombreux domaines seraient concernés : téléphonie fixe ou mobile, fourniture d'accès, hébergement de sites, édition de contenus, hébergement de forums ou plate-formes de blogs..

Si le rôle de la commission de déontologie est présenté comme consultatif, elle aurait quand même le pouvoir d'accorder et retirer des labels. La Ligue remarque sans surprise que le texte même du projet de décret met en avant les labels de type "protection de l'enfance".

La réalité est que le domaine de labellisation ira très certainement au-delà de la stricte protection de l'enfance, en fait instrumentalisée. La Ligue considère ce projet comme un cheval de Troie qui pourrait permettre d'imposer d'autres labels comme le label presse souhaité par le ministre de la culture, permettant d'imposer une censure de fait par un double mécanisme : en premier lieu il s'agirait de discréditer certains sites d'information au yeux des internautes en ne leur accordant pas le label, et en second lieu, de museler les responsables de ces sites en les menaçant de ne pas leur accorder, ou de leur retirer, ce label. Ce mécanisme pourrait très rapidement toucher les plate-formes de blogs.

C'est donc une façon de se substituer à l'autorité judiciaire, seule à même de juger. Qui plus est, le fait qu'un label ait été retiré par cette commission à un acteur, pourrait être utilisé contre lui à l'occasion d'un éventuel procès.

Concrètement, la commission pourrait très bien décider d'imposer aux plate-formes de blogs une modération a priori : ce débat a déjà eu lieu lors de l'examen de la LEN. Nul ne peut imposer une censure sur les lieux de dialogue du net, si ce n'est le juge indépendant et impartial, garant des libertés.

Enfin, il est probable que cette commission édictera des règles destinées à la défense d'intérêts économiques particuliers, comme ceux des industries culturelles, par ailleurs en cours de discussion avec les fournisseurs d'accès afin d'élargir le domaine de filtrage de leurs logiciels de contrôle parental [2].


[1] La Ligue publie l'intégralité du projet de décret :
www.odebi.org/docs/Projetdecretcommissiondeontologie.pdf

[2]
www.afa-france.com/p_20061221.htm

Source: www.odebi.org/new/theme/index.html

~~~~~ mAkE SoME fuCKiNg NoIsE ~~~~~

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 18 ans 2 mois #18623 par baboon

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 18 ans 2 mois #18682 par baboon

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 18 ans 1 mois #19015 par baboon

Le gouvernement veut créer une "commission de déontologie" de l'information en ligne

Dans un document confidentiel, que s'est procuré lemonde.fr, le Forum des droits sur l'Internet (FDI) déplore l'absence de concertation ayant présidé à la rédaction d'un projet de décret portant création d'une "Commission nationale de déontologie des services de communication au public en ligne". Le FDI qualifie le projet de "construction 'baroque', par certains aspects inquiétante", son "objectif de régulation excédant la seule préoccupation de protection de l'enfance annoncée au préalable".


D'après la version initiale du décret, rendue publique par la Ligue Odebi le 7 février, et qui attend d'être signé pour sortir au Journal officiel, la commission aurait pour mission d'émettre, à l'intention des opérateurs de services en ligne, des recommandations "tendant à assurer le respect des principes de déontologie, tels que la protection des mineurs ou le respect de la dignité humaine", et d'assurer le suivi de ces recommandations. Celles-ci, s'inspirant "notamment de propositions" du FDI, pourraient prendre la forme de "labels de qualité" et de "clauses déontologiques à insérer dans les contrats souscrits par les opérateurs" dont le respect serait assuré par un comité chargé des différends. Ses vingt-trois membres seraient désignés pour cinq ans par arrêté du premier ministre.

Le FDI "souhaite que des garanties textuelles soient apportées afin de limiter dans un premier temps le champ d'intervention de la Commission à la protection des personnes sur les réseaux de téléphonie fixe et mobile" et réclame que ses recommandations soient préparées au sein même du Forum des droits sur l'Internet.

"SI ON VOULAIT INSTAURER UN RÉGIME À LA CHINOISE, ON NE FERAIT PAS AUTREMENT"

La polémique tient en partie au fait que la Commission, comme Philippe Bas, ministre délégué à la famille, l'avait déclaré le 31 janvier, devait initialement effectuer "une classification des contenus et des services multimédias mobiles (...) selon des critères partagés avec ce qui se fait déjà pour les jeux vidéo, le cinéma ou la télévision" et proposait la création de pictogrammes ("tous publics", "déconseillé aux moins de 12 ans", etc.). Or, le projet de décret concerne aussi bien "les opérateurs de communications électroniques, fixes ou mobiles" que les fournisseurs d'accès à l'Internet et les hébergeurs de sites Web.

L'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (April), membre du conseil d'orientation du FDI, critique ainsi "le fait que le champ d'intervention de la commission proposéepar le gouvernement soit extensible bien au-delà de la stricte protection de l'enfance". L'association craint que la Commission n'émette des avis relatifs à la presse en ligne ou à la prévention des atteintes au droit d'auteur : "Fournisseur d'accès à qui l'on demande de procéder à la suspension du contrat d'abonnement d'un internaute qui ne respecte pas certaines recommandations destinées à protéger la propriété intellectuelle, hébergeur qui devra procéder à la suppression de certains contenus choquants publiés sur des blogs, etc." Reporters sans frontières craint également que "ce texte ne pousse les prestataires de services à censurer abusivement leurs contenus pour préserver leur label".

Pour Christophe Espern, de l'April, interrogé par lemonde.fr, "la protection de l'enfance est instrumentalisée pour servir des intérêts catégoriels et politiques". De fait, le décret est aujourd'hui entre les mains de l'Elysée, de Matignon et du ministère de l'industrie, plus dans celles du ministère de la famille, alors même qu'il visait, de prime abord, la protection des mineurs. Jean Pierre Quignaud, de l'Union nationale des associations familiales, également membre du conseil d'orientation du FDI, dénonce une "dérive" en matière de régulation de l'Internet. Comme ce fut le cas lors du vote de la loi Dadvsi, qui durcit le dispositif contre le téléchargement, M. Quignaud y voit le "fantasme" de plusieurs groupes d'intérêt qui pensent pouvoir contrôler Internet par le sommet, et"tout surveiller". Il avait ainsi déclaré à Politis que "si on voulait instaurer un régime à la chinoise, on ne ferait pas autrement".

UNE REPRISE EN MAIN "POLITIQUE" DE L'INFORMATION EN LIGNE ?

L'April remarque à ce titre que, échaudé par la polémique ayant entouré l'adoption de la loi Dadvsi sur le droit d'auteur, Renaud Donnedieu de Vabres avait déclaré, l'an passé, qu'il souhaitait "s'attaquer un jour au problème de la presse et de l'Internet" et en appelait au respect des "règles du jeu et des principes de déontologie".

Dans le rapport qu'il vient de remettre ce matin au ministre de la culture, "La presse au défi du numérique", Marc Tessier propose ainsi de "mettre en place un encadrement juridique" des sites d'information sous la forme d'un "label 'information en ligne'" indiquant le respect de "règles précises de déontologie et de contenu". Afin d'éviter qu'un tel "label officiel, géré par les pouvoirs publics et les organisations professionnelles" n'apparaisse comme "une tentative de contrôle ou d'encadrement d'un réseau dont les aspirations libertaires sont très fortes", cette "démarche de labellisation" serait d'abord gérée par les professionnels eux-mêmes. A terme, ce label pourrait servir de "référence" pour l'obtention d'aides (aide en fonds propres, TVA réduite, statut de correspondant en ligne…).

Pour l'association IRIS, le projet de la Commission de déontologie vise à "réglementer et contraindre l'expression publique (...) en échappant (...) aux règles de la démocratie et de l'État de droit". L'April, qui voit dans la composition "politique" des membres de la Commission "une volonté de reprise en main par l'Etat de la régulation de l'Internet", dénonce également le fait que cela revient à lui donner les moyens de se substituer à la justice. Pour Christophe Espern, "ce n'est pas à une commission administrative d'édicter les normes comportementales des acteurs techniques de l'Internet". Pionnière des organisations de défense des libertés sur l'Internet, IRIS rappelle à ce titre qu'en 1996, une tentative similaire de création d'un Conseil chargé d'élaborer un code de déontologie de l'Internet, voulue par François Fillon, avait été censurée par le Conseil constitutionnel, et, note l'April, "définitivement enterrée par le Conseil d'Etat en 1998".


www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-868923,0.html

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Temps de génération de la page : 0.226 secondes